mercredi 22 avril 2020

ET PAR SAINT GEORGES VIVE LA CAVALERIE !

23 avril 1945

LES DERNIERS JOURS DU CAMP DE ZEITHAIN

"L'histoire d'une nation se forge avec des hommes et des femmes courageux. Les récits de nos combats, des dépor­tés, des résistants, des prisonniers victimes des circonstances nous font prendre conscience des souffrances d'une nation afin qu'elle conserve ses valeurs. Voici, parmi d'au­tres, une anecdote dou­loureuse  relative à un camp de prisonniers de la seconde guerre mondiale rapportée par le colonel JOLIVET, notre ancien président et président d'honneur de notre sec­tion."
le 4 octobre 1991




INTRODUCTION 



    "Nous sommes arri­vés au camp de ZEI­THAIN le 29 mars 1945, venant de BENNDORF, le château de la misère et de la faim. "

 

 

Mon père a d'abord été détenu au XIII A
à partir du 26 septembre 1940


 puis au IV D





à partir du 13 septembre 1941 








"Nos débuts y furent des plus pénibles en raison du manque de ravitaillement. On sentait à divers indices que c'était vraiment pour nos gardiens le commencement de la fin. Pour les prisonniers russes du bloc voisin, c'était plus dramatique encore. Ces pauvres Russes étaient dans un état physique lamentable. Quand on leur offrait une cigarette, ce qui de notre part était vraiment un acte de charité, car il ne nous en restait pas beaucoup, ils avaient du mal à la fumer. Chez ces gens épuisés, la mortalité était très élevée. Tous les matins nous assistions à un défilé de cadavres qui n'avaient plus rien d'humain. Ils étaient portés sur des, civières et balancés dans une fosse commune sans autre forme de procès. Un jour j'en ai compté vingt-trois.



Nous étions parfois autorisés à une promenade le long des barbelés du camp. Nous en profitions pour faire ample provision de pissenlits, orties, et autres herbes moins nobles que nous utilisions ensuite au mieux pour confectionner diverses soupes ou salades. Certains se moquaient de nous et d'autres nous désapprouvaient ouvertement, prétendant que les lieux de nos cueillettes recouvraient les fosses où avaient été enterrés les prisonniers russes morts du typhus l'année précédente. C'était sans doute vrai. En tous cas, s'ils mangeaient les pissenlits par la racine, selon l'expression consacrée, nous étions très heureux de nous contenter des feuilles pour le moment. D'ailleurs, nous n'avions cure de ces propos pessimistes (ou envieux ?), car nous considérions avoir subi assez de vaccinations diverses depuis cinq ans, pour être immunisés contre toute maladie, contagieuse ou non, pendant plusieurs années encore. Et je me souviens qu'un jour, pour montrer à tous que nous n'avions pas peur, nous avons mangé des pissenlits en potage, en hors-d'œuvre, en ratatouille, en salade, et en dessert, lequel consistait en pissenlits braisés à la crème de rutabagas.



C'est alors qu'il se produisit un événement fabu­leux qui bouleversa à point nommé le cours des choses. Nous vîmes en effet arriver au camp un beau matin un camion blanc qui nous parut gigantesque. Il portait les marques de la Croix Rouge suédoise. Ce camion providentiel contenait des tonnes de vivres de grande valeur nutritive sous un faible volume : lait concentré, confiture solide, fruits confits, chocolat, biscuits et bonbons vitaminés, rations de combat, le tout était agrémenté de cigarettes et de ... papier hygiénique ! II y avait aussi des produits en poudre que nous ne connaissions pas, en particulier du café soluble. Un comité « ad hoc » fut constitué sur le champ, avec pour mission d'assurer la répartition équitable de ces vivres, ce qui ne posa aucun problème. C'est probablement grâce à cette manne céleste que nous pûmes récupérer assez de forces pour surmonter les efforts qui nous attendaient par la suite. Je vais dire qu'en ce qui concerne le café il y eut quelques tâtonnements. Dans l'ignorance des choses, on en arrivait à des concentrations exagérées, causes de troubles plus ou moins graves…Il y eut aussi des accidents à la suite de l'absorption inconsidérée de ces aliments très concentrés. Etant donné la précarité de notre état physique, il fallait évidemment prendre certaines précautions, suivre le mode d'emploi et ne pas dépasser la dose prescrite. Sinon le résultat était déplorable : malaises, diarrhée, tachycardie, tremblements convulsifs, etc...




Et la vie quotidienne poursuivait son petit train-train : appel, soupe, appel, soupe et dodo




Ce  23 avril, les cavaliers de l’armée de Terre fêtent leur saint patron : saint Georges. Héritière des troupes à cheval, l’arme de la cavalerie a beaucoup évolué depuis le IIIème siècle, mais son esprit et ses vertus sont restées les mêmes.

Le Culte de Saint Georges le légendaire tueur de dragons, tient plus de la légende que de l’histoire. Jeune officier de l’armée romaine, il s’est avéré être un vaillant soldat, toujours représenté à cheval et incarnant des vertus qui l’ont fait élire saint patron 



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